Les mots et la météo

Les mots et la météo

C'est incroyable comme les mots traduisent la météo. N'avez-vous jamais couché quelques phrases par une belle matinée ensoleillée ? Et que constatez-vous ? Le vocabulaire résonne, s'illumine ; la structure des phrases s'envole comme une brassée d'air. Un temps moins clément et les sons s'assombrissent, s'appesantissent. « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis... » Les mots se colorent selon la météo. Je pense toujours à ce que me disait mon tuteur lors de mon année de stage Germinal, ça se fait en hiver, quand la nuit domine, que l'on ressent pleinement la lourdeur du temps qui passe, les frimas de l'hiver qui vous glacent. Et là, vous comprenez bien mieux la dureté de nos mineurs qui descendent dans les entrailles de la terre, se tapissent dans les boyaux. Les mots résonnent, les élèves frémissent. Certains remettent leur pull sur leurs épaules dénudées, d'autres regardent, hagards, le froid qui rage dehors. Les regards deviennent compatissants pour ces corps qui affrontent l'air gelé. On pourrait presque voir de la buée s'échapper des bouches des élèves.

La Toussaint : on se terre chez soi, on creuse sa tanière quand les journées viennent à s'écourter. Cette perte de luminosité est une invitation à se replier sur soi, à se rendre dans sa propre chaumière pour s'y reposer, s'y ressourcer. Surtout quand ce retrait est imposé à cause du confinement. On secoue sa propre carcasse et on se nourrit de clair-obscur, de demi-teinte. Le feu de la cheminée rappelle les premiers frimas, le froid que l'on peut réchauffer. Et l'on pense....